lundi 11 novembre 2013

Aujourd'hui nous fêtons St Martin de Tours

Un jour il donna la moitié de sa cape à un mendiant. Après le diable se montrait avec cette moitié de cape. "Regarde bien à qui tu a donné ta cape!" ... mais St Martin n'était pas effrayé. "C'est au mendiant et non pas au diable que j'ai donné la cape". Après Notre Seigneur confirma cette intuition, il se montra à St Martin, et c'était Lui qui portait cette moitié de cape. St Martin nous enseigne de ne pas juger ceux à qui on donne aumône.

Il me semble - je pourrais me tromper - qu'un jour j'avais lu dans Le Chardonnet qu'il nous faut pas aimer le prochain pour lui-même, mais pour Dieu.

Il me semble - si je me trompe il y a eu quelque irritation pour que je m'y trompe - que ceci s'applique sur l'aumône de manière qu'il ne faille pas aider le pauvre corporellement pour l'aider corporellement, mais pour par là de l'aider spirituellement.

La bonne manière de voir ça est plutôt qu'il ne faut pas aider le pauvre corporellement pour le seul fait de l'aimer corporellement, mais pour par là de s'aider soi-même spirituellement.

Qu'on soit ou ne soit pas compétent d'aider le prochain spirituellement, on reste capable de l'aider corporellement. C'est l'aumône la plus simple.

Que le but spirituel avec l'aide corporel du pauvre soit de s'aider soi-même avec Dieu, et non pas toujours ce prochain pauvre, est une chose dont témoigne assez clairement Pierre Lombard. Cest vrai, il était Italien (les Lombards sont venus du Nord mais installés dans le Sud de l'Europe), comme St Thomas d'Aquin, comme St Bonaventure, comme Paul le Diacre (lui aussi Lombard) et non pas français. Mais reste à relire, même pour les français, sa Distinction I, chapitre III. Je cite un passage du paragraphe 6 où il cite un Africain:

C'est à cause de sa bonté, en effet, qu'il a pitié de nous; quant à nous, c'est à cause de sa propre bonté que nous avons pitié les uns des autres ; il a en effet pitié de nous, afin que nous jouissons de lui, tandis que nous avons, nous, pitié les uns des autres, afin de jouir de lui. [...] En revanche, quand nous avons pitié de quelqu'un et que nous l'assistons, nous agissons évidemment pour son utilité et c'est elle que nous considérons ; mais notre utilité en est aussi la conséquence, puisque la pitié que nous accordons aux autres, Dieu ne la laisse pas sans récompense. Et telle est la récompense suprême : jouir de lui.


Ni St Augustin, ni Pierre Lombard disent que c'est en vue d'un bien spirituel déterminé qu'on recherche pour le pauvre qu'il faille lui donner assistance physique et qu'il vaille mieux s'abstenir de donner l'assistance physique si on craint que l'aide spirituelle ne soit pas reçue par elle. Je n'accuse pas les prêtres du Chardonnet d'avoir tellement déformé les propos de l'un ou de l'autre, mais ma mémoire les accuse d'avoir écrit un texte avec cette conclusion erronnée de la vérité qui reste et que je viens déjà de citer : que c'est pour Dieu que nous devons aimer le prochain - et nous-mêmes.

Il y a, me semble-t-il, un préjugé parmi certains Juifs, que celui qui est quelque par malheureux l'est à cause de son ignorance, qu'on fasse les choses à moitié en lui portant de l'aide physique sans en même temps ajouter de l'instruction qui pourrait le corriger des erreurs qui l'ont conduit à la détresse. À Dieu ne plaise pas que ce préjugé soit répandu parmi les Catholiques traditionnels.

Il y a par là des gens et des réseaux qui instrumentalisent le bien physique qu'il donnent à quelqu'un à la correction qu'ils veulent lui faire. Il convient certes à certains de corriger le prochain, par exemple aux juges, mais il ne convient pas à chacun qui donne aumône de juger celui qui reçoît.

Comme nous l'a montré St Martin. Bonne fête de St Martin - et bonne fête d'armistice aussi!

Hans-Georg Lundahl
Bpi, Georges Pompidou
Fête de St Martin
et Mémoire de l'Armistice
11-XI-2013

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