samedi 18 février 2012

Maurras et Chesterton

Il y a des gens pour qui le régime de Vichy n'était que les français livrés aux Allemands (comme les Juifs) ou internés en camps de travail (comme les Tzigans qui de ce fait échappaient à une pire sort dans les camps en Allemagne, dont la politique vis-à-vis les Tzigans s'inspirait de l'affreux Protestant Portschy). Parmi eux, Maurras est surtout connu pour avoir été d'accord avec le premier statut des Juifs. Chesterton ne peut heureusement pas être assigné dans ces associations là, il est mort en 1936, après avoir dit qu'il était pour Franco et contre Azaña, et là il avait pleinement raison d'ailleurs. Mais à part leur accord sur la question espagnole, il y a quelques idées qui relient Maurras et Chesterton ou dans lesquelles ils se complètent et dans cet essai je propose de me tenir à ces idées et de laisser les questions des deux guerres pour une autre fois.

D'abord, la grande vertu de Maurras est de faire le Machiavel - si on le prend pour satiriste plutôt que comme soutien des tyrans, il y a hélas une autre lecture - à propos les régimes non princiers. Le vice de Machiavel - toujours pris comme satiriste et non dans l'autre lecture - est que du fait que les princes sont pris comme exemple, un lecteur inattentif pourrait bien rêver de faire une République sans prince héréditaire ni même élu à vie et alors le problème serait reglé. Non. Maurras montre avec attention que la République non héréditaire donne occasion à la formation des dynasties du pouvoir dans la République - ce qui se faisait d'ailleurs aussi à Rome, avant que Jules César croise le Rubicon. Il était lui-même le mari de Cornelia Cinnilla, fille de Lucius Cornelius Cinna, et frère de son homonyme, qui, quand à eux avait été respectivement consul du parti Marien et exilé politique pendant la dictature Sullienne - il sera plus tard consul suffectus, c'est à dire promu à consul après la mort prémature du consul en place (EEUU ont les viceprésidents, assignés en avance pour un cas comme ça, un consul suffectus étatit désigné après). Il sera aussi le mari de la veuve d'un Cornelius Sulla (Faustus, son of the dictator), donc beau-père du père du consul suffectus de soixante ans après - sous le principat de Tibère.

Mais en France on n'a pas ça? Non? Au moins pas avant Sarkozy père, Président, et Sarkozy fils, maire de Neuilly sur Seine?

Bon, Vaison la Romaine est un peu comme la maison des Meffre, comme je viens de constater quand la Bibliothèque de Ville là-bas filtrait les blogs bien avant une législation récente que la mairie de Boulogne-Billancourt interprète comme un devoir légal de bloquer blogspot ce que faisait aussi la mairie de Paris pendant un an, tandis que skyrock va bien. Et je dirais que Maurras avait tort sur les "dynasties républicaines" ou sur le fait qu'ils étaient souvent - je ne dis pas que ça soit le cas des Meffre à Vaison, il y a des vignerons Meffre aussi, donc ils sont bien de la région et de souche - mais assez souvent ailleurs pris parmis:
  • Juifs,
  • Protestants,
  • Franc-Maçons ou
  • Métèques.


Bon, une famille avec des vignerons, à la limite ça pourrait comprendre aussi des Protestants ou des Franc-Maçons.

Mais surtout, ce que Machiavel observe à propos un prince usurpateur, il y a des fois que ça se soit vérifié à propos les non-princes, les parlementaires et cétéra, et pas le moins pendant la III-ème République. "Pour être réélus, ils ont un besoin d'être trouvés bons, tandis que le prince avait juste besoin de ne pas être trouvé trop mal" à peu près. Et pour être trouvés bons, il se mèlent et ils se remèlent dans les affaires qui à priori ne regardent pas la politique directement.

Il y a l'éducation qui prêche ou prêchait récemment (quel hypermachiavellisme!) la nullité du régime royal (on a pu faire, ce que Maurras à negligé, des observations sur l'arbitraire et l'intrusif entre Richelieu et l'accession de Louis XVI, il y a des maurrassiens qui admirent Richelieu - imitateur du totalitarisme anglais qui à l'époque était royal - et qui trouvent que Louis XVI avait tort de trinquer avec les gens qui le portaient de Versailles aux Tuileries ou de pardonner la prise de la Bastille: mais ça ne touche pas la justesse du régime royal ou princier grosso modo par exemple en Savoie ou avant Richelieu en France) - et qui a été mis en place, entre autres choses, précisemment pour indoctriner.

Pour indoctriner contre le trône et l'autel, autant qu'ils pouvaient faire avaler au peuple. L'affaire Galilée a été mis en avant et dans ce cadre l'expérience du pendule de Foucault a été prise comme preuve (accepté comme tel par Maurras et par pas mal de Catholiques français aujourd'hui) que la Terre tourne autour d'elle-même, donc que Galilée avait raison contre l'Église. L'anticléricalisme était si grand que Léon XIII a du plier à moitié devant cette énergie en encourageant la position - sans la définir expressis verbis - que l'exégèse géocentrique n'était pas obligatoire. Tout parce que Jules Ferry avait décidé que chaque enfant devait apprendre la vérité sacrée des lumières sur la cosmologie et parce que la position auparavant traditionnelle parmi Catholiques un peu plus conservateurs que la moyenne était taxée d'ignorance crasse ou honteuse.

Précisons que les informations sur l'Inquisition n'étaient pas celles reconnues par l'histoire, que Le Droit de Cuissage était souvent enseigné comme une législation de factualité historique, comme un héritage du Moyen Age auquel les Lumières avaient à faire face, que le génocide de Vendée n'a pas été pris comme un crime horrible de le Première République, que la Colonie en Algérie était culturellement encouragé de mépriser les indigènes pour pas mal d'autres choses que polygamie et esclavagisme, juste par un complexe de supériorité vis-à-vis "le primitif" ou "le moyenageux" - sans nier qu'il ait eu des supériorités et des apports bien réels, par exemple en médicine. Précisons encore que la philosophie du Moyen Age était bien moins connue que les Croisades, que par telle ou telle époque celles-ci étaient denigrées ou exaltées. Et si on avait parlé un mot de la philosophie de la Faculté des Arts à Paris, on aurait probablement exalté les Averroïstes au dépens de la réponse orthodoxe faite par St Thomas d'Aquin ou par l'Évêque Étienne Tempier.

Pas mal de thèmes sur lesquels l'école "laïque, gratuite, obligatoire" pouvait jouer pour endoctriner en faveur du nouveau régime. L'usurpateur dénigre le vieux régime pour que son usurpation soit apperçue comme souhaitable et donc légitime, ce qui était déjà prévu par Machiavel, et le politicien qui a besoin d'être réélu a besoin d'être trouvé "beau, si beau" par les électeurs, chose observée en action par Maurras.

Et chaque enfant devait subir cette école. Celle de Jules Ferry - qui a été imité par Lénine et par Azaña, par Hitler en 1938 par une "loi" encore pas abolie qui interdit scolarité à maison, par les mouvances en Suède - notemment humanistes-athées mais socialistes de toute couleur - contre les reliberalisations récentes des écoles privées.

Ceci n'est pas financié de la poche privée de M. Ferry ou d'une quelconque fondation Ferry (ils serait insouhaitable qu'une telle existe), mais de l'argent pris des imposables. Précisons tout de suite, ce que Chesterton voyait très bien et Maurras ne voyait pas, si une "fondation Ferry" financée volontairement par des entrepreneurs et dont l'éducation, héritière de celle de la IIIe R. était imposé aux membres de famille des copropriétaires et des emloyés ou des habitants-locataires, ceci resterait un tort à chaque enfant capable - et physiquement nous sommes à peu près tous capables - à découvrir les vérités sur ces choses et ça resterait un tort aux parents capables de les enseigner à leurs enfants aussi. Ou de négliger les questions. Ça resterait un tort, même si l'abus de la fiscalité et l'abus du pouvoir strictement publique n'y rentrait pas. Comme c'est un tort de tamponner une femme de schizophrène, de l'empêcher d'avoir son enfant, même si le tort est fait par des docteurs strictement du privé, même s'il est fait par des bureaux de protection infantile strictement non-étatiques, patronales, privés. Imposé par le propriétaire du château du canton, aussi. C'est même à craindre que le tort pourrait s'aggraver dans un cas comme ça, et si jamais le privé retrouverait ses libertés et en abuserait, il serait un devoir de l'état de protéger les citoyens de ce tort, tant qu'il peut. Mais la IIIe R. est un état qui a imposé le tort et la Ve R. reste un état qui les impose et qui les impose en abusant les ressources du fisc. D'où vient ça?

Maurras analysait: les richesses soulèvent des convoitises. On convoitise les propriétaires des château, alors on incendie les châteaux, communalise les parcs autour, et pille les ressources en or. Si on avait une dette au château on brûle les archives aussi pour en effacer les traces. On convoitise les grandes fortunes, mais sans château? Alors on les taxe. On convoitise les fermes et les petits ateliers? Alors on se met en communard ou quelque chose pareille. Pourvu, chaque fois, qu'on ait les ressources de faire ses révolutions. Après on fait dépendre de l'état qu'on contrôle les vieux propriétaires des richesses, formellement à même tître qu'un-même, réellement sur des conditions plus humiliantes pour éviter que les vieux régimes resurgissent et reprennent ce qui leur appartient.

Et partie de cette faisance des dépendances est l'ingérence en des affaires auparavant réservés aux particuliers, à chaque particulier, famille ou individu. Comme l'éducation d'un enfant, normalement réservé à un couple constitué d'un homme et d'une femme et normalement le même couple dont l'enfant est physiquement issu.

Je ne dis pas que cette convoitise soit inévitable. Contre Hobbes et Calvin, contre Averroës et Spinoza, avec le Concile de Trente et celui de Iassi, avec Molina et Tempier non sans Saint Thomas d'Aquin, je crois au libre arbitre, donc que chaque homme avec des convoitises illicites aurait pu les éviter. Et que certains, avec la grace de Dieu, les évitent aussi.

Maurras avait confiance dans les propriétaires. "Les forts doivent aider les faibles, les faibles doivent honorer les forts."

Chesterton ne partageait pas cette confiance tout-à-fait. Il comprenait qu'un patron d'usine (ce qui en certaines contrées de Suède ou des États-Unis - déjà de l'Écosse - pouvait marcher très étroitement ensemble avec le pouvoir au moins municipal, les Meffre à Vaison ont comme propriétaires au moins la vertu d'être vignerons) pouvait aussi convoitiser, sinon les plus grandes richesses, au moins l'indépendance encore existente ou possible à renaître de la communauté dont beaucoup dépendent de lui-même.

Il y a des contrées où la richesse gagnée des grands patrons est proportionnable à l'indépendance perdu des petits propriétaires. Pågens en Scanie - le sud de mon pays - vend son pain jusqu'à dans le grand nord. Polarbröd dans le nord vend son pain du grand nord pas juste dans le sud, mais même à Paris, ou le sandwich dit "suédois" est fait avec un pain dit "suédois" mais qui en Suède est fermément ancré aux conditions spécifique de la Lapponie. Il est bon, biensûr, et il se garde dans les forêts ou sur la montagne, mais dans le sud on peut préférer un pain fait le jour même par un boulanger pas dissemblable au boulanger français. Pourtant, des boulangers indépendants on en a moins en Suède. Même en proportion au nombre plus faible d'habitants.

Aussi autre chose: un riche homme peut tout aussi bien qu'un conseiller municipal être laïciste ou - un mal plus récent, mais quand même répandu, jusque dans les associations - malthusien.

Cette convoitise non plus n'est pas inévitable. Contre Hobbes et Calvin, contre Averroës et Spinoza, avec le Concile de Trente et celui de Iassi, avec Molina et Tempier non sans Saint Thomas d'Aquin, je crois au libre arbitre, donc que chaque homme avec des convoitises illicites aurait pu les éviter. Et que certains, avec la grace de Dieu, les évitent aussi.

Mais le patron qui en convoitisant la liberté du compétiteur modeste, existant ou potentiel, imagine vouloir son bien en lui offrant un emploi, ou une sécurité médicale pour invalidité mentale (non-existante, mais bien commode pour le convoitiseur des libertés) est moins apte à comprendre de suite et sans discussion, que c'est de la convoitise illicite qu'il fait. Et, si possible, les associations peuvent être tout aussi ou même plus aveugles par interêt propre.

Je ne refuse pas à Emmaüs l'honneur de m'avoir offert pas mal de café les matins, ni celui de m'avoir fourni avec internet, avant les autres ou avec scanneur. J'observe juste que, fidèles à un fondateur malthusien, ils n'ont peut-être pas été les plus empressés à m'aider d'avoir mes essais antimalthusiens imprimés. Et basés sur la fascination de l'abbé Pierre pour un accueil tel qu'il est fait par les Musulman, les associatifs d'abbé Pierre ont peut-être pas envie que mes observations sur tel Muslime individuel ou sur les Musulman en bloc ou sur leur fondateur - pas si différent de Joseph Smith - soient imprimés sur papier. Il ne s'agit d'ailleurs pas des mensonges, ni d'une évaluation plus outrée que chez les autres du mal associé à la présence d'une population islamique dans les pays d'Occident. Sauf, peut-être quand à la beurgeoisie, en tant qu'ayant une influence réelle sur les populations catholiques, protestantes, indifférentes - et sur certaines expertises.

Ce matin chez l'ordre de Malte j'avais compté entendre sinon les deux compositions dont les partitions étaient données à une associée. Pour les canons il aurait fallu deux, trois ou quatre guitarres. Il y avait une. Mais Sonata Brevis aurait pu être jouée.

Ce ne fut pas le cas.

Inversement il y avait un Muslime à la table où j'étais assis. Il essayait de me prober sur certaines questions ou de me convaincre de certaines positions peu vraisamblables.

Y a-t-il eu une connexion entre la sonate non jouée et la discussion religieuse faite ce matin?

Je pense que oui. Si je me trompe, c'est que je suis en train de devenir islamophobe./HGL

2 commentaires:

  1. http://shrt.st/2cw9 et http://shrt.st/2cwa donne les versions scannées de Sonata Brevis et des Trois Canons.

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  2. Notons, à propos Vichy, que la France Occupée - c à d dès 1940 par troupes allemandes - faisait pas mal de choses pour éliminer les homosexuels, dont Mickaël Bertrand dit:

    Certains ont été déportés pendant que d’autres étaient emprisonnés, envoyés en hôpital psychiatrique, soumis à des expériences médicales… ou même parfois envoyés vers la France libre pour certains Alsaciens et Mosellans.

    Donc, la France Libre - c à d libre de troupes allemandes entre 1940 et tard en 1942 - n'était pas déporteuse d'homosexuels, mais plutôt destination d'envoi pour certains d'entre eux. Et c'est quand même la France Libre qui était régie directement par Pétain.

    Merci, Nouvel Obs!

    Source: NouvelObs en ligne.

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